Et toujours le même chaos.
Années 80
Rencontre avec
Jean Klein à la Sainte Baume au cours d’un séminaire de yoga.
En apparence, un vieillard, puis au détour d’un geste, d’un souffle, d’une réponse, d’une révérence… un nuage d’homme qui rendait ses lettres de noblesses au non effort (enfin !!), à la lenteur, à la disponibilité, à l’écoute, à l’attention sans tension, à tout ce qui ramène vers la part non négociable de soi-même.
Jusque là, tout le monde me mentait.
Et je tombais instantanément en amour pour ce messager et son message pour cet art qui transformait tout en chef d’œuvre, y compris ce que je m’étais toujours reproché.
Années 90
Rencontre avec
Michel Divita (élève de Jean Klein), yogi jusqu’à l’os (il est maigre) et qui porte en lui la brûlure du maître.
J’ai un souvenir aigu de ces rendez-vous dans son petit logis perché à flanc de Notre Dame où il a pris le temps de me faire découvrir avec le travail du corps, guidée par sa belle voix grave marseillaise, ce réservoir d’amour et de pure sensibilité, à profusion, disponible, gratuit, dans un repli, un repli de qui ou de quoi au fait?
Je me souviens de mes rêves de postures et de mes noyades sensuelles d’après posture. Mais un jour, il a eu la mauvaise idée de quitter Marseille.
Années 2000.
Rencontre avec
Eric Baret (également élève de Jean Klein ) au cours d’un séminaire à Grans.
Stupeur et tremblement…
Et revoilà la magie, toujours recouverte, jamais ensevelie, ce néant bavard, ce tressaillement du rien, ce puits sans fond, ce corps sans poids, ce poids si grave et si joyeux…
Eric dit qu’il n’est pas un maître.
C’est vrai, c’est un macdo killer, un samouraï, un maillon décroché de l’humanité imitante et limitée.
Parce qu’il travaille comme un poseur de bombe, on ne voit jamais ni la sueur ni le frisson,
Parce qu’il ne se répand ni ne copine, il repart sans un mot comme un cow boy solitaire, le canon encore fumant du trou qu’il vient de vous faire entre les deux yeux.
Parce qu’il va m’épingler à la prochaine rencontre,
parce qu’on ne sait jamais ce qu’il va dire, et c’est du direct, du sans filet, de l’adrénaline pure,
parce qu’au lieu de vouloir plaire à tout le monde, il se contente d’être monstrueux avec le plus grand nombre, et que ça gratte jusqu’à l’os,
parce que je lui ai fait mon dernier cadeau de petite fille qui attendait,
parce que je me fiche de qui il est,
il m’a montré ce que je suis.
Ce qui ne se négocie pas.
Bien contente.
Voilà pour lui et
ceux qui m’ont implicitement donné accès à l’enseignement du yoga.
Pour le reste (la pratique) on peut trouver (dans les livres d’Eric, de Jean Klein, de Jean Bouchart d’Orval ) des textes qui expliquent infiniment mieux que je ne saurais faire (je n’ai aucune culture intellectuelle à ce titre, j’ai même jamais mis les pieds en Inde) ce qu’est le yoga du cachemire.
Il n’y a pas de mot pour décrire la résonance d’un kapalabati (travail du souffle), l’émergence de la verticalité après avoir déposé son buste sur le sol qui finit par se dissoudre, l’efficacité de la non autorité, le langage si doux des pulsations, de la chaleur, du poids, du rien.
Il faut venir, s’asseoir, respirer, écouter son corps dans le silence.
Rejoindre le silence…
Joëlle remercie
François Matton pour la partie graphique
Michel Divita pour la partie mise en page informatique et
Jean-Sébastien Bach dont le largo du concerto en fa mineur interprété par Maria Joao Pires agrémente la page bienvenue
janvier 2013